mercredi 23 juillet 2008

La Fugue

Tout a commencé au IKEA alors que ma conjointe m'a lâché une phrase banale, dans le genre Une Gars, Une Fille sur mon choix de caisse enregistreuse, que j'ai répondu par une platitude. Un fille plus loin a fait la même remarque à son conjoint et celui-ci a ri, l'épais.



Ma Blonde: Tu vois, la fille là-bas a dit la même chose que moi et son chum a ri, lui.



Moi: Oui mais il n'a pas le cancer lui.



Ma Blonde: Arrête de tout mettre sur le dos du cancer...



Moi: Ah oui? Je ne comprend pas.



Ma Blonde: Ben, avant que tu te le fasses dire par d'autres, arrête de tout mettre sur le dos de ta maladie, on le sait que tu es malade, arrête de nous le répéter.



Moi: Ah oui, qui d'autres?



(à ce stade, la conversation devient trop personnelle pour ce blogue mais ne vous inquiétez pas, ce n'est pas un cas de divorce, en fin pas encore, je blague)



Le boudage instantané s'est mis en marche instantanément dès ce point. Nous sommes allés au Arcambault où j'ai complété mon cadeau de fête: Pascale Picard (pour ma blonde), Beck (pour moi), Anticancer (David Servan-Schreiber), un Rolling Stone avec Obama dessus, un GQ avec Seth Roger dessus.



Retour à la maison: boudage mais déblocage à la sortie de l'autoroute près de chez moi:



Ma Blonde: Ce n'est pas facile pour moi non plus, tu sais. Je ne veux pas dire que tu mets tout sur le dos du cancer.



Moi: Est-ce que tu sais ce que c'est que d'avoir le cancer? Moi je sais ce que c'est pour toi. J'ai déjà été en santé. Mais toi sais-tu ce que c'est que penser que je pourrais crever dans six mois, un an, deux ans, cinq ans? Et mes enfants? Si j'ai le goût de tout mettre sur le dos du cancer, je vais le faire car je suis le malade.



Ma Blonde: ...



Moi: ...et puis, je ne te fais plus confiance. Tu parles dans mon dos.



À ce stade, encore, je dois vous expliquer. Quand on a le cancer, nos émotions sont à fleur de peau. On est un peu parano, un peu déprimé, un peu fru, un peu susceptible. On est est aussi un peu Superman, un peu un roc dans la vie psychologique décimée de notre entourage, un peu un stand-up comic (parlant de stand-up comic, j'ai vu Jean-Marc Parent l'autre jour à St-Jean, est-ce un signe? Un signe de quoi?), un peu un gars normal en vacances. Un peu de tout au fil des jours, des fois à pic comme en montagnes russes, des fois smooth comme le Mont-Saint-Bruno, dans les maisons de riches.

Ce qui se passait dans ma tête et dans mon coeur à ce moment-là, c'est que je pensais à mon anémie. La petite chicane mettait à jour deux écoles de pensée dans mon entourage: ceux qui pense que j'en fait trop et que je dois me reposer plus, et ceux qui pense que je me repose trop et que je devrais essayer de vivre une vie plus normale.

Ça me fait ch... Il n'y a que moi qu vit dans ce corps (qui ne me ressemble plus quand je me regarde dans le miroir) et il n'y a que moi qui doit être à l'écoute de ce corps pour mieux connaître ses limites quotidiennes, son énergie, ses moyens de de ressourcer physiquement lorsqu'il le faut.

C'est ça qui se passait dans ma tête. Alors que je suis parti en arrivant pour prendre de l'air pour quelque heures. Un check engine est apparu dans mon dash d'auto. Merde. Je suis allé manger un poutine à Ste-Madeleine (pas au camping, au cas où je me retrouverais en plein préparatifs du Noël du campeur) puis je suis revenu.

Et devinez ce que j'ai fait? Pour ceux qui me connaisse, ce n'est tellement pas moi hahaha

(voir prochain post, je suis fatigué et les pilules anti-nausées font que je ne tape pas bien sur le clavier)

2 commentaires:

L'ensaignant a dit…

Ah bien... qui aurait cru que nos destins se croiseraient à nouveau sur la blogosphère?

Belle démarche. Très intéressant à lire. Je reviendrai bientôt, c'est promis.

Prend soin de toi!

Lapsus a dit…

Nos destins? On doit se connaître?