jeudi 26 février 2009

Bonne idée!

Lorsque j'ai lu en diagonale cette nouvelle dans La Presse (je n'arrive plus à retrouver le lien), je me suis dit, tiens, je pourrais faire la même chose et aller me chercher 5000$ dans le 7 jours.

Mais dans ma lecture en diagonale, je n'avais pas remarqué que Jade Goody était une ancienne star de téléréalité ET du monde impitoyable de la presse people du Royaume-Uni.

Dommage...

Il me restera toujours la télé québécoise. Décore ta vie peut-être? Le Banquier? À la Di Stasio? Non c'est vrai, Annie et ses hommes. Pas besoin de vous dire que ce ne serait pas un rôle de composition.

ps on m'a cependant rapporté que dans cette émission, l'ami de Maxime souffrait du même cancer que moi.

Salut Foglia

Tiré d'une chronique de Pierre Foglia dans La Presse:

''À partir de là, on s'est vu plus régulièrement. Il s'est mis à m'entourer d'attention, à me traiter avec une délicatesse si inhabituelle dans nos rapports que je lui en ai fait l'observation un midi qu'on dînait chez Plumet : Pierre, tu me ménages comme si c'est moi qui allais mourir...

C'est pas toi qui vas mourir, mais c'est toi qui as peur de la mort, c'est pour ça que je te ménage, que je fais attention de ne pas trop te faire freaker. Cette fois-là, j'ai pleuré dans l'auto en revenant.

Il a pris grand soin de tout son monde, sa femme, ses filles, ses amis. Il a tout bien mis en ordre avant de s'en aller, comme un grand garçon. Nos amis ne meurent pas pour rien. Ils meurent pour nous apprendre à mourir.''

Je ne connais rien de la mort. Je ne l'ai jamais fait. Je n'ai aucune expérience. Je n'ai jamais même vu personne mourir.

Femme, filles, amis, lecteurs, comment je vais faire pour vous apprendre?

La mort

(je voulais déjà, avant les événements, recopier ce passage du livre de David-Servan Schreiber)

''Avec soulagement, nous avons appris que la morte n'est pas douloureuse en elle-même. Dans les derniers jours, on cesse d'avoir envie de s'alimenter et de boire. Le corps se déshydrate alors progressivement. Plius de sécrétions, donc plus d'urine, plus de selles, moins de phlegme dans les poumons. Donc moins de douleurs dans le ventre, moins de nausées. On ne vomit plus, on ne tousse plus. Tout le corps se calme. La bouche est souvent sèche, mais il est facile de se soulager avec des petits glaçons ou un tissu mouillé. Une fatigue s'installe, et l'esprit se détache, le plus souvent avec le sentiment de bien-être, parfois même une euphorie. On a de moins en moins envie de parler à ses proches. Simplement de leur tenir la main et de regarder ensemble la lumière du soleil par la fenêtre, ou d'écouter le chant d'un oiseau, ou une musique particulièrement belle. Dans les dernières heures, on entend parfois une respiration différente qu'on appelle le ''râle''. Et puis, il y a généralement quelques dernières respirations incomplètes (les ''derniers soupirs'') et des contractions involontaires du corps et du visage qui semble se rebeller contre la disparition de la force vitale. Elles ne sont pas l'expression d'une souffrance, mais simplement la manifestation du manque d'oxygène dans les tissus. Puis les muscles se relâchent, et tout est terminé.'' (D.-S.Schreiber, Anticancer, Paris (France), Éd.Robert Laffond, 2007, p.278)

Je m'excuse, ce paragraphe est certainement morbide pour vous mais ce passage me permet de désarmorcer la peur de la mort. Lutter contre le cancer, c'est entretenir l'étincelle de vie en nous et non combattre obligatoirement la mort qui est inévitable de toute façon.

La suite

Vous semblez abasourdis? Moi aussi.

Sur le coup, l'oncologue a été très compréhensive, très humaine. Elle m'a montré la radiographie en question.

Parenthèse: lorsqu'on pense à des radiographies, on a en tête les images de la télé et du cinéma où le médecin montre des grandes photos sur un genre de projecteur lumineux et que nous, le patient, nous partageons toute cette information. Et bien non, ce n'est pas comme ça que ça se passe. D'abord, c'était la première fois que je voyais mes propres poumons après 12 mois de captivité mentale. Et ça ne se fait pas au mur mais sur un écran d'ordi.

Et elle a comparé la radiographie de janvier 2009 à celle de novembre 2008. Effectivement, la tache de mon poumon droit semble -est?- plus grande qu'avant, même après quelques traitements. Elle nous montre ensuite la radiographie de janvier 2008, au tout début de ma maladie. Il n'y a pas de comparaison possible, la tache en question a diminué de 50% à peu près et mon poumon gauche semble beaucoup plus clean.

''C'est peut-être une vraie alerte ou une fausse alerte mais nous voulons être plus sûr avant de continuer'', dit-elle en me regardant dans les yeux.

Je suis sorti du bureau avec deux demandes d'examen. Une scintigraphie osseuse et un scan. La scintigraphie a été passé lundi dernier, j'y reviendrai, et le scan sera fait lundi prochain. Le gentil docteur me reverra dans son bureau mardi prochain, 3 mars, avec les résultats.

J'ai essayé d'appliquer tout de suite les trucs de mon infirmière-pivot, c'est-à-dire de ne pas paniquer tout de suite, de me stresser que lorsque nous serons confrontés aux faits. Dans ce cas-ci, une fois que les examens complétés et les résultats connus.

Mais disons que le désespoir, la peine et la déprime ont eu raison de mes bonnes intentions dans les heures, les jours qui ont suivi. Je commence à peine à reprendre le dessus.

mercredi 25 février 2009

Après un Kovalev de presque deux semaines

Non, je ne suis pas mort mais j'ai l'impression que ça s'en vient. Je blague mais pas tant que ça.

Voyez-vous, tout allait pour le mieux le weekend précédent mon prochain traitement, qui était dû pour le 16 février. Je me sentais bien, un peu anémique, mais mentalement et physiquement, tout baignait dans l'huile. Jusqu'à ce que je rencontre l'oncologue avant mon traitement. Elle n'arrêtait pas de me poser des questions sur ma respiration, une toux possible, des maux probables. Et ma réponse à toutes ces questions hypothétiques était un NON sans équivoque.

''C'est parce que selon votre dernière radiographie, il y a une tache qui n'a diminué et qui selon le radiologiste, a même grossi.''

vendredi 13 février 2009

Mon mur des célébrités

Voici les célébrités avec lesquelles j'ai une courte relation:

  • Évidemment, comment passer à côté, je suis le petit cousin de l'animateur Éric Salvail. Nos pères sont cousins germains et ils ont passé une bonne partie de leur vie adulte à se cotoyer à la pêche ou à la taverne. Curieusement, la dernière fois -et la seule fois à vrai dire- que j'ai vu mon petit cousin, nous étions avec nos mères respectives au Winners sur le boulevard Taschereau. Très glam.
  • Mon neveu a joué une saison avec Marc-André Fleury, le gardien des Penguins de Pittsburgh. Ce fût assez pour que les deux restent des connaissances et que mon neveu visite le joueur-vedette à Pittsburgh il y a quelques années.
  • Restons dans le hockey, j'ai eu durant mon secondaire Éric Furlatt dans ma classe. Qui est-ce? C'est le gros arbitre joufflu de la Ligue Nationale. Je regarde sa photo, pas si joufflu que ça finalement.
  • Martin ''Leroy'' Roy, la personne juste avant moi dans mon album de finissant? Bassiste de Daniel Bélanger.
  • Christian Gauthier, l'animateur de radio? Il a été engagé dernièrement pour faire la même job que moi.
  • Je suis aussi ami sur Facebook avec un gars qui se nomme Winston Chan et qui a 1787 amis.
  • Comment l'oublier? J'ai aussi dormi pendant un an dans le même dortoir que Denis Villeneuve, le réalisateur de Polytechnique. Il faisait de l'impro au ralenti à cette époque et couchait dans la section du dortoir qui se nommait ''le Bas-Canada'', réservé aux gars de secondaire 5.
  • L'En Saignant? Un très bon ami d'enfance avec qui j'ai pris ma première bière. La serveuse est resté perplexe quand je lui ai dit: ''une bière'' sans spécifier la sorte. ''Une Cinquante'', ai-je précisé quelques secondes plus tard sous les rires de mes copains.

Pourquoi un tel billet? Je ne sais pas. Je pensais à Denis Villeneuve avec la sortie du film.

Il faut aussi souligner que je serais sur le mur des célébrités d'aucune des personnes ci-haut mentionnées. :-)

Moi et Mon Gros Tas

Il se couche sous le lit. Et ne sort qu'à l'aube et aux heures des repas. Mais durant l'après-midi, si je vais me coucher, il bondit doucement sur le lit pour me tenir compagnie, presque en volant. En fait, c'est plutôt pour me squatter qu'il agit ainsi. Il se couche sur moi de manière à aligner mon sternum et son centre de gravité. Très zen. Très yoga. Mais il me tourne son gros dos rond. Il me fait la gueule. J'ai les mains sous les couvertures. Je ne le flatte pas. Il me regarde par dessus son épaule avec ses gros yeux verts, l'air bête, c'est le cas de le dire. Il est assez pesant. Au but de vingt minutes, je me tourne. Il prend une légère débarque mais reste tout de même près de moi, au cas-où je mourrais ou bien que je me mettrais à le flatter. J'aime penser que c'est la première option mais je sais que son intelligence est limitée. Mais je suis sûr que son intuition est sans limite. Il sait que je suis malade. Il sait que je suis son compagnon de jour. Que je suis son humanothérapie.

C'est mon chat. C'est mon Whippet. C'est mon gros épais à moi.

jeudi 12 février 2009

Petit jeudi

Vous voyez, il y a de ces jours. Aujourd'hui, je suis presque incapable de me lever, même si ma plus vieille m'a téléphoné à 7h30 pour me demander si je voulais toujours mon toutou des Expos (Youppi! je présume). Je lis dans ses pensées. Le toutou est un prétexte pour me parler. Oui, Papa le veut, tu l'amèneras mardi prochain, même si c'est rendu la mascotte du Canadien.

Donc, en résumé, mal de tête, mal de gencives, ulcère dans le fond de ma bouche, sur ma langue, ce qui me force à parler sur le bout de ma dite langue. Je ne suis pas trop sûr non plus de ma température corporelle. J'ai froid.

Je me suis trainé hors du lit à 9h, impatient de savoir si ma 30e équipe préférée a encore perdu. Oui, 7 à 2. Je me réjouis. Pour fêter, je mange un bol de yogourt sans gras. Et je m'enfile deux advils pour m'enlever la douleur aux gencives et à la tête. Le comptoir est dégueulasse, la poubelle est pleine, la lave-vaisselle est vide.

Et je retourne me coucher, non sans m'être gargariser la bouche avec le Super Magic Mouthwash 2009. Une recette magique au goût de sirop pour la toux, prescrit par le pharmacien du département de l'oncologie. Je fantasme sur le fait que peut-être Marthe, la très jolie pharmacienne du village, a concocté ce mélange délicieux seulement pour moi. Je vous épargne comment elle était habillée. Je m'endors tout de suite.

À midi, je me lève finalement. Ma conjointe est arrivée du travail. Elle mange un fajitas au jambon. Le comptoir est toujours aussi dégueulasse. Je m'habille. Je me sens un peu mieux. Elle quitte pour retourner travailler. Je mange des pérogies (pierogi). Franchement, c'est très bon, même sans crème sûre. Je m'attaque ensuite à terminer LOST 4.

Enfin, je vous écris présentement. Le comptoir est propre, la poubelle est vidée, mon thé vert est bu, le lave-vaisselle est rempli, le recyclage est dans le bac dehors, LOST est fini, Entourage 4 est commencé, les filets de porc marinent, les livres sont retournés à la bibliothèque.

Petit jeudi qui est devenu grand.

mercredi 11 février 2009

Se programmer?

Un lecteur me demandait à propos de mon billet Réponses - nausées: ''Se programmer qu'on s'en sortira, ou y aller au jour le jour, sans se créer d'attente?''

C'est le grand paradoxe de cette maladie. Vivre au jour le jour tout en gardant un oeil sur The Big Picture. Profiter de chaque instant, même si c'est un cliché. Profiter de la vie à chaque jour. S'occuper. Se reposer. Réfléchir.

Ça va mal? Demain sera un autre jour. Ça va encore mal? Se coucher. Ça va vraiment mal? Manger.

Aligner ainsi les jours comme le Canadien alignent les victoires (pas vraiment) et se retrouver finalement un an plus tard, mieux.

Se projeter ensuite dans le temps. Se voir vieux. Visualiser une vie en santé comme les athlètes visualisent les podiums.

Se voir avec ses petits enfants. Se voir dans un potager ensoleillé. Se voir comme le monsieur toujours en train de s'asseoir dans la pub d'une banque. Se dire pourquoi pas?

samedi 7 février 2009

Toutes proportions gardées

J'oubliais de vous dire. Quand je suis allé voir Slumdog Millionnaire mardi le 27 février, j'étais dans ma semaine de traitement. C'était bizarre.

En oncologie, nous étions 4 jeunes en bas de 40 ans et au cinéma, j'étais à peu près le seul jeune parmi 240 ''vieux''. On est allé se faire une danse en ligne après.

C'est le monde à l'envers. Comment s'épelle le mot ÉPIDÉMIE?

lundi 2 février 2009

Réponses - nausées

De l'Aubergiste en devoir: est-ce que les traitements me donnent la nausée? (à voir ce que je mange)

Non, je n'ai pas vomi un seule fois durant mes 42 semaines de traitement. Je n'ai eu que très peu de nausées aussi et je pense qu'elles étaient plus dûes au stress et à la nervosité qu'au traitement lui-même. Au risque de me répéter, mon système digestif été bien entraîné par la Molson et la malbouffe.

Lorsqu'on apprend qu'on a le cancer ou qu'un de nos proches a cette maladie et qu'on commence à parler de chimiothérapie, tout le monde associe cela à des nausées. Par expérience, je pense que tout le monde est différent mais il ne faut pas partir avec l'idée qu'on va vomir nos tripes à tous les jours pour toute la durée du traitement. La science et la pharmacologie ont beaucoup évolués depuis 15 ans et on contrôle beaucoup mieux ces aspects désagréables. Avoir peur du cancer, c'est une chose mais il ne faut plus avoir peur de la chimiothérapie à cause des nausées possibles.

Une chose que j'ai apprise depuis un an, c'est qu'il faut arrêter de se programmer. Si on se dit qu'on va être malade, on va être malade c'est sûr.

Cela dit, je rapporte dans ce blogue mes plus mauvaises expériences avec la malbouffe mais j'ai modifié assez substantiellement depuis quelques mois mes habitudes quotidiennes face à nourriture. Comme dit le bon docteur Béliveau, ce n'est pas le hotdog, la frite et le coca une fois par mois à l'aréna du quartier qui causent des problèmes, c'est la chronicité de ces mauvaises habitudes qui fait que nous sommes en mauvaise santé.

Je reviendrai sur mon régime de vie.

Réponses - alcool

J'aimerais prendre quelques paragraphes de ce merveilleux lundi où je reviens d'aller prendre une marche de santé de 15 minutes après un petit séjour en médecine ambulatoire pour ma 30e transfusion sanguine à vie.

Je suis suis zen, je sirote un thé vert.

On m'a posé quelques questions ces derniers mois:

De l'Aubergiste en devoir: si je prenais de l'alcool, quels seraient les effets secondaires?

Je ne sais pas. Il ne déconseille pas nécessairement de couper complètement l'alcool car dans certains cas, une bière ou un verre de vin ouvre l'appétit. Heureusement, je n'ai pas ce problème, d'ouverture d'appétit je veux dire, pas d'alcool.

Quand j'ai eu mon diagnostic à la fin de janvier 2008, j'ai tout de même continuer à prendre une bière de temps en temps jusqu'au 29 mars dernier. Sauf que je ne sais pas, ce n'était pas pareil. L'alcool enivre et puis déprime. Quand on a le cancer, on aime le premier feeling mais on a pas besoin d'en rajouter pour le deuxième.

Et à partir du moment où j'ai commencé mes traitements, je voulais vivre pleinement mes effets secondaires. Pas volontairement, mais avec l'objectif d'être conscient de mon corps. Si je me levais un matin et que j'avais mal à la tête, mal au coeur ou mal partout, je voulais être certain que c'était le traitement et non le bon vin vissé du dépanneur.

Et surtout qu'au début, j'avais peur de mourir subitement d'un ACV, d'une crise cardiaque ou d'une phlébite. Donc je voulais être aux aguets.

Ne pas prendre d'alcool a été ma décision et j'en suis fier. Je pense que cela a été positif. Je suis un bon buveur social. Je suis du genre à prendre une douze lors d'une activité, comme un party du SuperBowl par exemple. Ou bien 5-7 bières dans un 5 à 7. Ou une vingt-quatre dans une activité de pêche sur la glace.

Continuer à virer des brosses aurait été comme un drapeau blanc face à ma maladie. Dire, je ne vais pas m'en sortir alors je vais en profiter pour vivre ma vie pleinement, au boutte, quitte à brûler quelques chandelles au passage.

Vais-je recommencer? Chasser le naturel, il revient au galop mais pour l'instant, je ne sais pas, je ne suis pas sûr. On verra après ma chimio.

Je me relis et on dirait que je me justifie. Drôle de billet.