Voici la première question qui m'est arrivé dans ma boîte de réception de courriel:
''Alors voici : Lorsqu'une personne apprend qu'elle est atteinte du cancer, et que vient le moment d'annoncer la nouvelle à sa famille et à ses amis proches, NOUS, en tant qu'ami, frère ou soeur, que faudrait-il DIRE? Ou faire? Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on peut dire? Ou dans l'autre sens, y a-t-il quelque chose qu'il faudrait éviter de dire? Ou de faire?
J'aimerais savoir comment ça s'est passé pour toi, si ce n'est pas trop indiscret de le demander.''
J'ai beaucoup réfléchi à cette question et je vais puiser le premier élément de réponse dans le livre Guérir Sans Guerre de Johanne Ledoux:
''C'est souvent de notre propre angoisse face à la mort que l'on se défend lorsque l'on veut secouer la cage du malade qui ne réagit pas comme on le souhaiterait. Rien de sert de bousculer, de sermonner et de bourdonner: il suffit d'accompagner.'' (p.110)
'' Ceux qui m'ont le plus aidée durant cette épreuve ne ''disaient'' rien, comme les amis de Job (Job, II, 11-13). Ils savaient ma douleur et je savais q'ils la savaient. Ils savaient écouter, au besoin, et ne tentaient pas de noyer ma peur et la leur sous un flot de ''solutions''.'' (p.111)
On revient donc à la base de la communication: écouter en premier, tenter de comprendre ensuite et parler après.
Je vais vous parler de mon cas à moi. Mon conseil serait, ne changez rien à vos habitudes. Si vous étiez très proche de quelqu'un, restez-le même si c'est inconfortable, vous vous habituerez et son moral va changer avec le temps.
Si vous appeliez votre frère à tous les samedis matin pour le déranger ou le niaiser, continuez.
Si vous appeliez votre amie à la fin de Annie et ses hommes, continuez. Si elle est trop fatigué, elle ne répondra pas.
Si vous n'appeliez pas votre collègue de travail, ne l'appelez pas pour ne pas vous sentir coupable, il verra la feinte. J'ai quelqu'un qui m'a demandé dans un congrès si elle pouvait m'appeler pour prendre de mes nouvelles et j'ai répondu dans l'affirmative mais je me suis dit en moi-même, tu ne m'appelais pas quand on travaillait ensemble, je ne verrais pas pourquoi aujourd'hui tu prendrais des nouvelles, maudite voyeuse! Je blague mais je suis sûr que vous comprenez.
Si vous vous sentez mal d'appeler pour ne pas déranger, envoyer un courriel, le mêlade le prendra à son aise et ça fait toujours plaisir, croyez-moi. J'apprécie toujours les gens qui me demandent des nouvelles même si je ne suis pas toujours rapide pour répondre. Ne soyez pas offusqué du temps de réponse.
Votre trip à vous sont les icônes religieuses? Go for it. J'en reçois à toute les semaines et je respecte la prière des autres, je prend tout ce qui passe même si l'ésotérisme, le Soi intérieur parfait, j'ai un peu de misère, question de foi chrétienne. Je veux aller à l'Oratoire mais ça n'a pas adonné comme on dit. Je ne lance pas d'invitation car je suis un peu prude de ma foi mais si un proche m'offrait de m'accompagner, ça me ferait très plaisir.
Ce qui m'a blessé, ce sont les gens avec qui je parlais à toutes les semaines dans le cadre de mon travail -et je dois vous dire que c'est un milieu excessivement dur- qui ne m'ont pas parlé depuis le début de ma maladie et qui vont me dire à mon retour, ''ah oui, je prenais des nouvelles de X et de Y''.
Elle ne passe pas celle-là. Vous voulez des nouvelles? Appelez-moi, envoyez-moi des courriels, allez sur Facebook, lisez mon blogue et laisser des commentaires pour que je sache que vous êtes là. Depuis le mois de janvier, des proches s'éloignent et des loins se rapprochent. Ainsi va la vie, même avec le cancer.
Mais je les pardonne d'avance. Si j'étais à leur place, je serais moi-même extrêmement mal-à-l'aise avec le cancer. Je ne saurais pas quoi dire. Pourquoi ne pas commencer par un comment ça va? Comment vont tes traitements? Et des jokes d'usage.
Et après cette aventure, j'ai peur de développer un blocage vis-à-vis la maladie. Essayer de ne plus y penser. De mettre ça derrière moi. De fermer les livres. Je ne l'espère pas car je veux être là pour les autres comme ils l'ont été pour moi.
Pour la même raison, je vous trouve aussi courageux et courageuses de lire ce blogue. Merci.
dimanche 9 novembre 2008
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4 commentaires:
Touchant et très "éducatif" ton billet.
Pour l'Oratoire, je suis partante; je n'ai pas la foi aveugle mais j'aime les lieux de calme et de recueuillement (sic?).
Salut The B,
Lorsque j'ai appris que tu avais le cancer se fut tout un choc. Ma première réaction a été de communiquer avec NAF pour vérifier ma source. Lorsque se fut fait, ça ma pris un gros 2 mois pour enfin communiquer avec toi et organiser une petite rencontre. Tout ça pour illustrer que je fais parti de la catégorie des personnes qui sont mal-à-l’aise face à la maladie.
Ce n’est qu’après avoir lu ton blogue à quelques reprises que j’ai réalisé que malgré la maladie tu n’avais pas changé et que les choses étaient restées les mêmes. En fait, ce n’est pas bien compliqué pour qui te connais le moindrement de constater que tu es resté le même. Les bonnes vielles habitudes sont bien présentes (La Presse, le Globe and Mail, le foot, les Bruins, la poutine et le coke).
Je ne sais pas si cela était ton objectif mais ton blogue permet au gens qui te lise d’apprivoiser ta maladie et aussi de réaliser que malgré tout tu te portes bien et que tu affrontes les épreuves avec courage et détermination. Je suis pas mal certain que je ne suis pas le seul à avoir ce sentiment en te lisant.
En passant, je ne manque aucun de tes commentaires. Je ne les commente pas tous, mais je prends le temps de les lire ou encore de les rire. Quelque fois, je les trouve plates, ça arrive … :-)
Lâche pas, je vais probablement aller faire un tour dans ton coin de pays d’ici quelques semaines, je te tiens au courant. D’ici là, on aura un nouveau PM au Québec, en espérant pour toi qu’il sera de la bonne couleur. Cette fois-ci, cela sera sûrement plus facile, les astres sont alignés de la bonne façon ….
A+
Salut The B,
Merci pour cet espace "publique intime".
Lu jusqu'au 8 septembre 2008, par petite dose...Je prends le temps de digérer quoi!...
je ne savais plus où retrouver l'espace des chansons pour ton "happy list", alors je le fais aujourd'hui, ici, 11 novembre jour du souvenir!...après avoir lu ton "Quoi dire et ne pas dire" que j'ai trouvé très touchant!...
Jour non pas de "l'ancien combattant" mais du "combattant". Trois chansons qui me font penser à toi:
* "All you need is love" de John Lennon
* "Toujours vivant" de Gerry Boulet
* "I think of you" de Gregory Charles.
Bye,
Sija
pour "Si jamais... Si j'avais..."
@catharsys
Je vais essayer d'aller au Salon du Livre avant.
@sweetness
Comme je t'ai écrit, je ne doute aucunement de ton assiduité dans la lecture de ce blogue.
@sija
merci pour les chansons!
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